Ballade à mes mots de ventre

Ballade à mes mots de ventre

 

Il suffirait un jour que je devienne beau,

Que je perde mon ventre, que je ne sois plus gros,

Un bellâtre, en quelque sorte,

Pour que la belle gens, celle portant jupons,

Me décoche en passant, un long regard fripon,

Me disant viens, ouvrant sa porte.

 

Dois-je voir en ce jour, un rêve un peu fou,

Une vue de l’esprit, un avenir très doux,

Une bouteille à la mer,

Pour que ma libido, débine mon bedon,

Devrais-je aux agapes, à jamais dire non,

Dire du vin que c’est amer.

 

Pourtant être choyé, chouchouté, bichonné,

Me siérait à souhait, ce serait équité,

Si je pouvais vous faire escorte.

Connaître des dessous, le doux murmure soyeux,

Etre un luron d’accord, mais en être un joyeux,

Et me changer des fesses fortes.

 

Sacrifier à la rime, je ne dis pas mon bon,

Mais faire le pied beau, régulier et bien rond,

J’en perds les doigts, pas le ventre.

Et s’il ne vous suffit, d’un quatrain bien manet,

À prendre dans le sens, madame qu’il vous plait,

Je vous dit merde et puis je rentre.

 

Contempler mon bedon dans la glace illico,

Vaux mieux que s’aplatir, à jouer les asticots,

Dans la fange de vos chaussures.

Portez vous donc ailleurs, allez faire pédibus,

Courir le paltoquet, le poète en gibus,

Allez vous faire pédicure.

 

Voilà que je m’entraîne à retourner des mots,

Pour un plaisir d’enfer, d’en faire des fagots,

Pour filer la bague à ma plume,

Et que ma muse enfin, passe un coup de plumeau

M’astique le cerveau, écrase mes grumeaux,

Et me donne des lais de lune.

 

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