Je fuis la ville, et temples, et tous lieux

Je fuis la ville, et temples, et tous lieux
Esquels, prenant plaisir à t’ouïr plaindre,
Tu pus, et non sans force, me contraindre
De te donner ce qu’estimais le mieux.

Masques, tournois, jeux me sont ennuyeux,
Et rien sans toi de beau ne me puis peindre ;
Tant que, tâchant à ce désir éteindre,
Et un nouvel objet faire à mes yeux,

Et des pensers amoureux me distraire,
Des bois épais suis le plus solitaire.
Mais j’aperçois, ayant erré maint tour,

Que si je veux de toi être délivre,
Il me convient hors de moimême vivre ;
Ou fais encor que loin sois en séjour.

Sonnets

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