S’il l’avait su

S’il avait su quelle âme il a blessée,
Larmes du coeur, s’il avait pu vous voir,
Ah ! si ce coeur, trop plein de sa pensée,
De l’exprimer eût gardé le pouvoir,
Changer ainsi n’eût pas été possible ;
Fier de nourrir l’espoir qu’il a déçu :
A tant d’amour il eût été sensible,
S’il avait su.

S’il avait su tout ce qu’on peut attendre
D’une âme simple, ardente et sans détour,
Il eût voulu la mienne pour l’entendre,
Comme il l’inspire, il eût connu l’amour.
Mes yeux baissés recelaient cette flamme ;
Dans leur pudeur n’atil rien aperçu ?
Un tel secret valait toute son âme,
S’il l’avait su.

Si j’avais su, moimême, à quel empire
On s’abandonne en regardant ses yeux,
Sans le chercher comme l’air qu’on respire,
J’aurais porté mes jours sous d’autres cieux.
Il est trop tard pour renouer ma vie,
Ma vie était un doux espoir déçu.
Dirastu pas, toi qui me l’as ravie,
Si j’avais su !

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Marceline Desbordes-Valmore Apprenti Poète

Par Marceline Desbordes-Valmore

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) est une poète française reconnue pour la richesse et la variété de son lyrisme romantique. Surnommée « Notre-Dame-des-Pleurs » en raison des drames qui jalonnent sa vie, elle émeut par sa sincérité et son talent naturel. Elle épanche dans sa poésie toutes les peines qu'elle a connues durant sa vie. Ses poèmes traduisent ses cris de passion, ses élans vers l’au-delà, et la nostalgie du pays natal. Son talent poétique se voit reconnu par les symbolistes, notamment Rimbaud et Verlaine, qui applaudissent son absence de rhétorique.

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