L’Entente

Au centre de la ville la tête prise dans le vide d’une place
Ne sachant pas ce qui t’arrête ô toi plus forte qu’une statue
Tu donnes à la solitude un premier gage

Mais c’est pour mieux la renier
T’es-tu déjà prise par la main
As-tu déjà touché tes mains
Elles sont petites et douces
Ce sont les mains de toutes les femmes
Et les mains des hommes leur vont comme un gant
Les main? touchent aux mêmes choses
Écoute-toi parler tu parles pour les autres

Et si tu te réponds ce sont les autres qui t’entendent

Sous le soleil au haut du ciel qui te délivre de ton ombre

Tu prends la place de chacun et ta réalité est infinie
Multiple tes yeux divers et confondus

Font fleurir les miroirs

Les couvrent de rosée de givre de pollen

Les miroirs spontanés où les aubes voyagent

Où les horizons s’associent
Le creux de ton corps cueille des avalanches
Car tu bois au soleil
Tu dissous le rythme majeur
Tu le redonnes au monde
Tu enveloppes l’homme
Toujours en train de rire

Mon petit feu charnel

Toujours prête à chanter

Ma double lèvre en flammes
Les chemins tendres que trace ton sang clair
Joignent les créatures
C’est de la mousse qui recouvre le désert
Sans que la nuit jamais puisse y laisser d’empreintes
ni d’ornières

Belle à dormir partout à rêver rencontrée à chaque
instant d’air pur

Aussi bien sur la terre que parmi les fruits des bras
des jambes de la tête

Belle à désirs renouvelés tout est nouveau tout est
futur

Mains qui s’étreignent ne pèsent rien

Entre des yeux qui se regardent la lumière déborde

L’écho le plus lointain rebondit entre nous
Tranquille sève nue
Nous passons à travers nos semblables
Saas nous perdre
Sur cette place absurde tu n’es pas plus seule

Qu’une feuille dans un arbre qu’un oiseau dans les
airs

Qu’un trésor délivré.
Ou bien rire ensemble dans les rues
Chaque pas plus léger plus rapide
Nous sommes deux à ne plus compter sur la sagesse
Avoue le ciel n’est pas sérieux
Ce matin n’est qu’un jeu sur ta bouche de joie
Le soleil se prend dans sa toile
Nous conduisons l’eau pure et toute perfection
Vers l’été diluvien
Sur une mer qui a la forme et la couleur de ton corps
Ravie de ses tempêtes qui lui font robe neuve
Capricieuse et chaude
Changeante comme moi
O mes raisons le loir en a plus de dormir

Que moi d’en découvrir de valables à la vie

A moins d’aimer
En passe de devenir caresses
Tes rires et tes gestes règlent mon allure
Poliraient les pavés
Et je ris avec toi et je te crois toute seule
Tout le temps d’une rue qui n’en finit pas.

Paul Eluard

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Paul Eluard Apprenti Poète

Par Paul Eluard

Paul Éluard, nom de plume d'Eugène Grindel, né à Saint-Denis le 14 décembre 1895 et mort à Charenton-le-Pont le 18 novembre 1952, est un poète français. En 1916, il choisit le nom de Paul Éluard, patronyme emprunté à sa grand-mère maternelle, Félicie.

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