Salvador Dali

C’est en tirant sur la corde des villes en fanant

Les provinces que le délié des sexes

Accroît les sentiments rugueux du père

En quête d’une végétation nouvelle

Dont les nuits boule de neige
Interdisent à l’adresse de montrer le bout mobile de son nez.
C’est en lissant les graines imperceptibles des désirs
Que l’aiguille s’arrête complaisamment
Sur la dernière minute de l’araignée et du pavot
Sur la céramique de l’iris et du point de suspension
Que l’aiguille se noue sur la fausse audace
De l’arrêt dans les gares et du doigt de la pudeur.
C’est en pavant les rues de nids d’oiseaux

Que le piano des mêlées de géants

Fait passer au profit de la famine

Les chants interminables des changements de grandeur

De deux êtres qui se quittent.
C’est en acceptant de se servir des outils de la rouille

En constatant nonchalamment la bonne foi du métal

Que les mains s’ouvrent aux délices des bouquets

Et autres petits diables des villégiatures

Au fond des poches rayées de rouge.
C’est en s’accrochant à un rideau de mouches
Que la pêcheuse malingre se défend des marins
Elle ne s’intéresse pas à la mer bête et ronde comme
une pomme

Le bois qui manque la forêt qui n’est pas là

La rencontre qui n’a pas lieu et pour boire

La verdure dans les verres et la bouche qui n’est faite

Que pour pleurer une arme le seul terme de comparaison

Avec la table avec le verre avec les larmes

Et l’ombre forge le squelette du cristal de roche.
C’est pour ne pas laisser ces yeux les nôtres vides
entre nous

Qu’elle tend ses bras nus

La fille sans bijoux la fille à la peau nue

Il faudrait bien par-ci par-là des rochers des vagues

Des femmes pour nous distraire pour nous habiller

Ou des cerises d’émeraudes dans le lait de la rosée.
Tant d’aubes brèves dans les mains
Tant de gestes maniaques pour dissiper l’insomnie
Sous la rebondissante nuit du linge
Face à l’escalier dont chaque marche est le plateau
d’une balance

Face aux oiseaux dressés contre les torrents

L’étoile lourde du beau temps s’ouvre les veines.

Paul Eluard

Voter pour ce poème!

Paul Eluard Apprenti Poète

Par Paul Eluard

Paul Éluard, nom de plume d'Eugène Grindel, né à Saint-Denis le 14 décembre 1895 et mort à Charenton-le-Pont le 18 novembre 1952, est un poète français. En 1916, il choisit le nom de Paul Éluard, patronyme emprunté à sa grand-mère maternelle, Félicie.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Vos mots sont des étoiles dans notre nuit poétique. Allumez notre firmament.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Rideau

Vivant