Les mimosas

L’autre matin, sous la feuillée,

De soleil rose ensoleillée,

Je rêvais à toi, – tu passas !

Et je vis à ta boutonnière,

Penchant ses graines de lumière,

Une branche de mimosas.
« Oh ! donne-la moi, je t’en prie,

Cette petite fleur flétrie… »

Murmurai-je. Et tu refusas !

D’un œil foncé qui me regarde,

Tu refusas. Tu dis : « Je garde

Cette branche de mimosas. »
Et, sans voir qu’à cette seconde

Je ne voulais plus qu’elle au monde,

De mon tourment tu t’amusas :

« Il y en a sur la pelouse…

– Non, je veux, car je suis jalouse,

Cette branche de mimosas !
Si tu l’aimes, toute fanée,

C’est qu’alors on te l’a donnée,

En te taisant, tu t’accusas.

Parle ! nomme-moi ma rivale !

Regarde-moi… je suis plus pâle

Que la branche de mimosas ! »
Mais toi, d’une voix attendrie,

Tu t’écrias : Ô ma chérie,

À mes regards tu proposas

Cent visages : des fous, des sages,

D’autres plus fins que les feuillages

De la branche de mimosas.
Mais, très curieux de nature,

Je rêvais de voir la figure

– Car je ne la connaissais pas –

Que vous faites, alors qu’on ose

Vous refusez la moindre chose…

Tiens, les voilà, les mimosas ! »

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Rosemonde Gérard Apprenti Poète

Par Rosemonde Gérard

Louise-Rose-Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard, poétesse française, est née le 5 avril 1866 à Paris où elle est morte le 5 juillet 1953. Elle est la petite-fille du comte Étienne Maurice Gérard, héros de Wagram. Son parrain est le poète Leconte de Lisle et son tuteur Alexandre Dumas. Dodette était son surnom familier.

La poésie est une danse de l'âme. Enchaînez vos mots, comme un poème de Nijinsky, et dansez avec nous.

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