Hymne au Dragon couché

Le Dragon couché : le ciel vide, la terre lourde, les nuées troubles ; soleil et lune étouffant leur lumière : le peuple porte le sceau d’un hiver qu’on n’explique pas.
Le Dragon bouge : le brouillard aussitôt crève et le jour croît. Une rosée nourrissante remplit la faim. On s’extasie comme à l’orée d’un printemps inespérable.
Le Dragon s’ébroue et prend son vol : à Lui l’horizon rouge, sa bannière, le vent en avant-garde et la pluie drue pour escorte. Riez d’espoir sous la crépitation de son fouet lancinant : l’éclair.
o
Hé ! Las ! hé, Dragon couché ! Enspiralé ! Héros paresseux qui sommeille en l’un de nous, inconnu, engourdi, irrévélé,
Voici des figues, voici du vin tiède, voici du sang : mange et bois et flaire : nos manches agitées t’appellent à grands coups d’ailes.
Lève-toi, révèle-toi, c’est le temps. D’un seul bond saute hors de nous ; et pour affirmer ton éclat,
Cingle-nous du serpent de ta queue, fais-nous malades au clin de tes petits yeux, mais brille hors de nous, — oh ! brille !

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Victor Segalen Apprenti Poète

Par Victor Segalen

Né à Brest en 1878, médecin de marine, archéologue, critique d'art, Victor Segalen est avant tout poète. Pour lui, vivre, voyager et écrire ne font qu'un. Sa vie est marquée par le mystère : écrivain du secret, il en protège l'intimité et meurt à quarante et un ans dans la forêt du Huelgoat, d'une mort aussi insolite que son oeuvre.

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