Réalité

Me voici de nouveau dans ma banlieue

Cette maison

que je changerai encore pour une autre

La pièce où je ne m’enferme plus pour écrire

(je ne suis pas à une contradiction près)

Ce que m’offre ma fenêtre

un bout de rue

où passent plus de voitures que de piétons

Un pan de ciel opaque

si bas

que les oiseaux s’y cognent les ailes

Sur mon bureau

les lettres se sont entassées

Sous mon coude

des poèmes inachevés

À côté

la machine à laver tourne

fait disparaître de mes habits

l’odeur du voyage

Voici que le téléphone sonne

Tel un automate

je tends la main

et me rends à la réalité

Voter pour ce poème!

Nérée Beauchemin Apprenti Poète

Par Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi, né à Fès en 1942, est un poète, écrivain et traducteur marocain. Il a fondé en 1966 la revue Souffles qui jouera un rôle considérable dans le renouvellement culturel au Maghreb. Son combat lui vaut d'être emprisonné de 1972 à 1980.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Les poètes sculptent la réalité avec des mots. Devenez un sculpteur, tel un Rodin du commentaire.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Je voudrais aller me promener dans les bois

Les Pierres saillantes (II)