Le captif

Il est, non loin des tièdes syrtes
Où bleuit la mer en repos,
Un bois d’orangers et de myrtes
Dont n’approchent point les troupeaux.

Là, sous l’ombre antique d’un arbre,
Un satyre, ouvrage divin,
Sourit dans sa gaine de marbre,
Comme réjoui par le vin.

Il a des oreilles aiguës
Que dresse un frémissement prompt ;
De jeunes cornes invaincues
Reluisent sur son mâle front ;

On voit que ses larges narines
Portent à ses heureux esprits
La fraîcheur des brises marines
Et les parfums des bois fleuris ;

Les coins soulevés de ses lèvres
Rappellent le falerne bu ;
Deux glandes, comme en ont les chèvres,
Pendent sous son menton barbu.

Captif du socle pentélique,
Languit un triste adolescent
Le dieu, de son regard oblique,
Lui verse un rayon caressant.

Mais lui, l’enfant aux ailes blanches,
Lève, des yeux brillants de pleurs,
A cause de ses molles hanches,
De ses bras liés par des fleurs.

Les larmes sur sa belle joue,
Mouillent sa chevelure d’or.
Parfois ses ailes qu’il secoue
Méditent l’impossible essor.

Et tant que le soleil éclaire
Le bois chaste et silencieux,
Les fiers desseins et la colère
Enflamment ses humides yeux.

Mais quand vient l’ombre transparente
Ramener les Nymphes en choeur,
Il rit, et sa chaîne odorante
Enivre doucement son coeur.

Le silence est l'ennemi de la poésie. Libérez votre voix, comme Baudelaire dans un jardin des mots.

Laisser un commentaire

Découvrez d'autres poèmes de Anatole France

Veuillez autoriser les annonces sur ce site!

Il semble que vous utilisez un bloqueur de publicités. La publicité constitue la seule source de financement pour du site. Vous Pouvez ajouter LaPoesie.org à votre liste blanche.

Refresh

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.