Le deuil

Le soleil est tombé dans les flots ; une barre
De lourds nuages gris qui pèsent sur la mer
S’allonge à l’horizon, et lentement s’empare
Du ciel où disparaît un reflet pâle et vert.

Un âpre vent se lève, annonçant que l’hiver
Avec ses ouragans et ses froids se prépare ;
La houle dure a pris une teinte de fer,
Sauf où blanchit un flot qui se dresse et s’effare.

Sur l’immense surface où tombe la nuit froide,
Égaré, seul, perdu, flotte un canard sauvage ;
Tantôt, battant de l’aile, il lève son cou roide

Comme pour voir au loin, puis inquiet il nage,
Ou plonge et reparaît pour se dresser encore ;
Les siens l’ont oublié ; la mer se décolore.

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