Dans ce cabriolet de place

Dans ce cabriolet de place j’examine
L’homme qui me conduit, qui n’est plus que machine
Hideux, à barbe épaisse, à longs cheveux collés :
Vice et vin et sommeil chargent ses yeux soulés.
Comment l’homme peutil ainsi tomber ? pensaisje,
Et je me reculais à l’autre coin du siège.
Mais Toi, qui vois si bien le mal à son dehors,
La crapule poussée à l’abandon du corps,
Comment tienstu ton âme au dedans ? Souvent pleine
Et chargée, estu prompt à la mettre en haleine ?
Le matin, plus soigneux que l’homme d’à côté,
La lavestu du songe épais ? et dégoûté,
Le soir, la lavestu du jour gros de poussière ?
Ne la laissetu pas sans baptême et prière
S’engourdir et croupir, comme ce conducteur
Dont l’immonde sourcil ne sent pas sa moiteur ?

Pensées d’Août

Voter pour ce poème!

Avatar Apprenti Poète

Par Charles Sainte-Beuve

Poemes Charles Sainte-Beuve - Découvrez les œuvres poétiques de Charles Sainte-Beuve

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

La poésie transcende le temps. Écrivez comme Baudelaire, commentez comme Aragon, et laissez votre empreinte.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Si la vertu, qui est de nature immortelle

Elegance