Au Collège

Il mourut en avril, à la fin du carême.

C’était un grand garçon, un peu maigre et très blême,
Qui servait à la messe et chantait au salut.
On en eût fait un prêtre, un jour: c’était le but ;
Du moins, on en parlait souvent au réfectoire.
Il conservait le tiers de ses points en histoire,
Et lisait couramment le grec et le latin.
C’était lui qui sonnait le premier, le matin,
La cloche du réveil en allant à l’église.
Les trous de son habit laissaient voir sa chemise,
Qu’il prenait soin toujours de cacher au dortoir.
On ne le voyait pas comme un autre au parloir,
Pas même le dimanche après le saint office.
Ce garçon n’avait point pour deux sous de malice,
Seulement, à l’étude, il dormait sur son banc.
Le maître descendait le réveiller, souvent,
Et le poussait longtemps ce qui nous faisait rire.

Sa main tremblait toujours, quand il voulait écrire.
Le soir, il lui venait du rouge sur les yeux.
Les malins le bernaient et s’en moquaient entre eux ;
Alors, il préférait laisser dire et se taire.
L’on n’aurait, j’en suis sûr, jamais su le mystère,
Si son voisin de lit n’eût avoué, sans bruit,

Qu’il toussait et crachait du sang toute la nuit.

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Par Eudore Evanturel

Intéressé très tôt par la poésie, il fréquente des clubs de jeunes écrivains. En octobre 1875, sa pièce Crâne et cervelle est lue devant un public à Québec. L'œuvre, qui raconte l'histoire d'un étudiant en médecine qui dérobe des cadavres pour les disséquer et qui tombe sur la dépouille de sa propre fiancée, fait scandale. La réaction sera tout aussi vive dans les jours suivants avec quelques-uns de ses poèmes publiés dans le journal L'Événement.

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Fanfaronnade

À une dame qui lui demandait des énigmes