Insomnie

Ma longue nuit les yeux ouverts seul délivré je veille pour ceux qui dorment.
Rendu à l’espace
à l’empire du souffle
bien au-dessus des demeures.
Vertige lucide

J’entends monter vers moi le hurlement secret des morts le tonnerre d’un monde éteint silence assourdissant langage des énigmes confondues.
Bientôt (toujours trop tôt)
la retombée le masque aveuglant
le piège délire de vivre
Je verserai dans le jour trésor amoncelé des nuits cette réserve obscure cette ombre comme la mer où dansent les feux en péril.
De nouveau les rumeurs à la dérive
paroles déchirées
lointaines
indéchiffrables.

Jean Tardieu

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