C’est ainsi

Faire des vers, des vers gamins,
Et rire, et rire, et rire encore,
Et, comme un pierrot qui picore,
Cueillir leurs parfums aux jasmins ;

Forger des vers comme des armes,
Pointus, effilés, sans merci,
Ou, pour expier son souci,
Égrener des ave de larmes,

C’est bon supérieurement
Et tout le reste est journalisme ;
La strophe d’or est comme un prisme
Où s’irise le firmament.

Et crevâton, phtisique et blême,
Avec des recors à la clé,
Le violon qu’on a raclé
Laisse des notes en nousmême.

La flûte, avec ses quatre trous,
Quatre regards de mélodie,
Quand elle est triste, psalmodie
Comme un martyr sous les verrous ;

Et rien n’y fait, ni les gendarmes,
Ni les huissiers, ni les tailleurs ;
L’air de flûte a toujours des larmes
En attendant des jours meilleurs !

La flûte à Siebel

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