Les Murs

Ça dure longtemps, la longueur du temps

Et le prisonnier, sur un flûteau mince

Qu’il tenait serre, serre dans ses dents.

Du matin crépu jusqu’au noir qui pince.

Sifflait la longueur, la longueur du temps.
Et le prisonnier sifflait pour ces murs.
Pour ses quatre murs, où les verrous grincent.
Sifflait la longueur des soleils futurs.
La longueur du temps qui monte et descend
Comme une marée au cœur des serrures.
Si la mer était ces murs de poutrelles.

Si la mer était la longueur du temps.

Il mordrait la mer qui monte et descend.

Il saurait siffler sur sa flûte grêle

Le cœur de la mer. la longueur du temps.
Il saurait danser, si la mer était
La longueur des murs, la longueur du temps.
Il saurait, la mer. la prendre à la taille.
Il ferait tourner sur leurs gonds épais.
Les temps et la mer. le temps, les murailles.
Mais le prisonnier ne croit pas si fort.

Ne croit pas assez que sa flûte appelle

Le cœur de la mer. la longueur de mort.

La longueur du temps, la force d’un chant

Qui ferait lever le poids des poutrelles.
Non. le prisonnier ne saura jamais

Qu’il aurait suffi d’une note ailée

Pour jeter à bas son cruel palais

La longueur du temps, les grilles forgées

Et boire la mer à pleines gorgées.

Norge

Voter pour ce poème!

Géo Norge [Georges Mogin] Apprenti Poète

Par Géo Norge [Georges Mogin]

Norge, pseudonyme de Georges Mogin, né le 2 juin 1898 à Molenbeek-Saint-Jean et mort le 25 octobre 1990 à Mougins, est un poète belge francophone. Une plaque commémorative est apposée sur sa maison natale, rue Jennart 14.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Dans notre ruche de poètes, chaque commentaire est une goutte de miel. Soyez doux.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

La belle en deuil

Dans vos yeux