Pierrot Gamin

Ce n’est pas Pierrot en herbe
Non plus que Pierrot en gerbe,
C’est Pierrot, Pierrot, Pierrot.
Pierrot gamin, Pierrot gosse,
Le cerneau hors de la cosse,
C’est Pierrot, Pierrot, Pierrot !

Bien qu’un rien plus haut qu’un mètre,
Le mignon drôle sait mettre
Dans ses yeux l’éclair d’acier
Qui sied au subtil génie
De sa malice infinie
De poète-grimacier.

Lèvres rouge-de-blessure
Où sommeille la luxure,
Face pâle aux rictus fins,
Longue, très accentuée,
Qu’on dirait habituée
À contempler toutes fins,

Corps fluet et non pas maigre,
Voix de fille et non pas aigre,
Corps d’éphèbe en tout petit,
Voix de tête, corps en fête,
Créature toujours prête
À soûler chaque appétit.

Va, frère, va, camarade,
Fais le diable, bats l’estrade
Dans ton rêve et sur Paris
Et par le monde, et sois l’âme
Vile, haute, noble, infâme
De nos innocents esprits !

Grandis, car c’est la coutume,
Cube ta riche amertume,
Exagère ta gaieté,
Caricature, auréole,
La grimace et le symbole
De notre simplicité !

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Paul Verlaine Apprenti Poète

Par Paul Verlaine

Paul Verlaine est un écrivain et poète français du XIXᵉ siècle, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil, Poèmes saturniens en 1866, à 22 ans.

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