Les Pas Brisés

Quel monde
La foule descend des toits où brille la trace des pas
C’est une illumination de fête
Les arbres sont des lustres morts
Quelques figures de connaissance

Visages ovales visages ronds

Autrefois on se rencontra

Le monde est grand
On se serre la main au coin du carrefour
On rentre
Mais voilà — comment me rappeler sa figure —
Physionomie triste drôle d’allure
C’est le premier que j’ai connu que j’ai suivi
Une seule voiture contenait tout le monde

Et les chevaux ailés marchaient au pas

Le cocher ivre dort

Si la route était sûre
Par la portière une tête passe crie

Mais c’est un rêve et il n’a pas de voix

On va verser le péril est certain

Le temps est long
Quelqu’un suspend au ciel quelques étoiles

De temps en temps un fil se rompt

Faites un vceu une étincelle a brûlé mes cheveux

Une rue s’est formée peu à peu
Là-haut c’est la maison connue et qui m’abrite
Je voudrais m’échapper mais je ne suis pas seul
Le bruit me suit
Nous sommes entrés enfin et c’est la nuit
J’appelle le matin qui ouvre mes rideaux et me
réveille

Le soleil
Mais mes yeux sont éteints

Et il n’a pas d’oreilles

Pierre Reverdy

Voter pour ce poème!

Pierre Reverdy Apprenti Poète

Par Pierre Reverdy

Pierre Reverdy, né le 11 septembre 1889 (13 septembre 1889 selon l'état civil) à Narbonne et mort le 17 juin 1960 à Solesmes, est un poète français associé au cubisme et aux débuts du surréalisme. Il a eu une influence notable sur la poésie moderne de langue française.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Les poèmes sont des échappatoires vers d'autres mondes. Ouvrez une porte, comme le faisait Saint-Exupéry, et entrez.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Chambre d’amour

La femme et le couteau