Le lit de Procuste

Sonnet.

Quand, pourpre de plaisir, Mars en tes bras faiblit,
Ô Vénus, et, laissant retomber son grand buste,
Livre au coussin sa tête olympienne et fruste,
Il s’endort, brute et dieu, ton égal en ton lit.

Mais, ni brute ni Dieu, l’homme y veille et pâlit.
À cet amant jamais ta couche ne s’ajuste :
Son front et le chevet, comme au lit de Procuste,
Y sont en éternel et meurtrier conflit.

Vénus, ne descends plus, si tu ne nous attires
Que pour faire de nous tes profanes satyres
Ou tes vains soupirants, mais tes époux non pas,

Si la compagne en toi, pour nos rêves placée
Ou déesse trop haut ou femelle trop bas,
Nous fuit, jamais atteinte ou toujours dépassée.

Voter pour ce poème!

René-François Sully Prudhomme Apprenti Poète

Par René-François Sully Prudhomme

René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Laissez un peu de votre âme dans nos vers. Votre commentaire compte.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Ô coeur léger, ô courage mal seur

Silence