Ores qu’on voit le Ciel

Sonnet LXXXIV.

Ores qu’on voit le Ciel en cent mille bouchons
Cracheter sur la terre une blanche dragée,
Et que du gris hyver la perruque chargée
Enfarine les champs de neige, et de glaçons,

Je veux garder la chambre, et en mille façons
Meurtrir de coups plombez ma poitrine outragée,
Rendre de moy sans tort ma Diane vengée,
Crier mercy sans faute en ces tristes chansons.

La nue face effort de se crever, si ay-je
Beaucoup plus de tormentz qu’elle de brins de neige :
Combien que quelquefois ma peine continue,

Des yeux de ma beauté sente l’embrassement,
La neige aux chauds rayons du soleil diminue,
Aux feux de mon soleil j’empire mon torment.

1. Torment : Tourment.

Voter pour ce poème!

Laissez-nous savoir votre avis sur ce poème! Est-ce que ça vous a fait rire, pleurer, ou penser à quelque chose de profond?

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

S’abonner
Notifier de
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments