Morceaux choisis

Le crâne d’Eschyle

l’oreille de
Van
Gogh

l’œil de
Marlowe

le bras de
Cendrars

la quéquette de
Boileau

le genou de
Pétrarque

la jambe de
Rimbaud,

quel poème a pris corps

en ce chant démembré

où un aigle est venu

au soleil de
Sicile

larguer une tortue,

poème pour un couteau

qui délire en
Arles

et dans un bouge de
Londres

un poignard qui tue,

poème à la mitraille

de la ferme
Navarin

pour un jars irascible

ou un livre trop lourd

ou la gangrène qui gagne?

Les soirs de fatigue

juste avant de sombrer

une eau vient à la bouche

qui est comme le viatique des limbes,

eau de gouffre

eau de rien

avec mis au secret des reflets où renaître

des échos où reconnaître

le vieux tocsin de l’aube.

Prométhée s’est attablé

près des mangeurs de pomme de terre,

Faust a cherché une main

dans la nébuleuse d’Orion

et un arrêt bouffon a interdit au sang

de monter jusqu’aux tempes de
Laure

et le devin des mortes saisons

a laissé sa semelle au clou.

Le trait lancé du ciel éclaire un hôtel borgne où suicidé sur le motif repose un légionnaire,

l’amoureux a rejoint

le marchand d’Abyssinie

le chercheur d’or que blanchit

un cheveu par minute

et l’eunuque s’est donné pour la mesure des songes la vestale du vrai stuc et de l’art poétique.

La poésie a besoin de vos mots pour s'épanouir. Participez à notre jardin de vers.

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