Les bises

      Pour Anne Marie                                                                      

 

J’avais par devers moi gardé quarante bises

Toutes en habits de fête, à elle toutes promises,

Une à une comptées pour ses quarante années.

 

Tendres papillons sur mes joues déposées,

Discrètement abandonnées ou franchement osées,

J’en étais le comptable pour tes quarante années.

 

Chacune a son histoire, j’en ferai l’inventaire

Un jour, à coup sûr, quand j’aurais changé d’air.

J’ai gardé les plus gaies pour tes quarante années.

 

Ecartées de mon choix toutes les impudiques,

Les distraites, les rapides, les sournoises, les apathiques.

Seules les appréciées pour tes quarante années.

 

Du bout des doigts quelques une dédiées

Me furent, par le vent, prestement déposées,

S’envolent jusqu’à toi pour tes quarante années.

 

Certaines épistolaires prirent le temps d’arriver.

Déposées à mon nom dans ma boite à courrier,

Messagères d’affection pour tes quarante années.

 

Celles de mes enfants reçues jour après jour,

La toute intimidée de mon premier amour,

Souvenirs resurgis pour tes quarante années.

 

J’ai par devers moi gardé quarante bises,

En sus les bisous, les mimis, les câlins,

Jusqu’à ta quarantaine pour tes joues de satin.

 

Toutes, toutes, les voici toutes sur tes joues.

Déguste les une à une, lentement, jusqu’au bout.

Tant et tant rassasiée pour tes quarante années.

 

Toutes comptées, recomptées, plus que nombre de pieds,

Toutes plus riches que mes rimes épuisées,

Chantent un dernier couplet pour tes quarante années.

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