Chanson

C’est faussement qu’on estime
Qu’il ne soit point de beautés
Où ne se trouve le crime
De se plaire aux nouveautés.

Si ma dame avait envie
D’aimer des objets divers,
Serait-elle pas suivie
Des yeux de tout l’univers ?

Est-il courage si brave
Qui pût avecque raison
Fuir d’être son esclave
Et de vivre en sa prison ?

Toutefois cette belle âme,
À qui l’honneur sert de loi,
Ne hait rien tant que le blâme
D’aimer un autre que moi.

Tous ces charmes de langage
Dont on s’offre à la servir
Me l’assurent davantage,
Au lieu de me la ravir.

Aussi ma gloire est si grande
D’un trésor si précieux,
Que je ne sais quelle offrande
M’en peut acquitter aux cieux.

Tout le soin qui me demeure
N’est que d’obtenir du sort
Que ce qu’elle est à cette heure
Elle soit jusqu’à la mort.

De moi, c’est chose sans doute
Que l’astre qui fait les jours
Luira dans une autre voûte
Quand j’aurai d’autres amours.

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François de Malherbe Apprenti Poète

Par François de Malherbe

François de Malherbe est un poète français, né à Caen vers 1555 et mort à Paris le 16 octobre 1628. Il est le fils de François, écuyer, seigneur de Digny, conseiller au bailliage et présidial de Caen, et de Louise Le Vallois.

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