Nuit de printemps

Le ciel est pur, la lune est sans nuage :

Déjà la nuit au calice des fleurs

Verse la perle et l’ambre de ses pleurs ;

Aucun zéphyr n’agite le feuillage.

Sous un berceau, tranquillement assis,

Où le lilas flotte et pend sur ma tête,

Je sens couler mes pensers rafraîchis

Dans les parfums que la nature apprête.

Des bois dont l’ombre, en ces prés blanchissants,

Avec lenteur se dessine et repose,

Deux rossignols, jaloux de leurs accents,

Vont tour à tour réveiller le printemps

Qui sommeillait sous ces touffes de rose.

Mélodieux, solitaire Ségrais,

Jusqu’à mon cœur vous portez votre paix !

Des prés aussi traversant le silence,

J’entends au loin, vers ce riant séjour,

La voix du chien qui gronde et veille autour

De l’humble toit qu’habite l’innocence.

Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds !

Parmi les cieux à l’aurore entrouverts,

Phébé n’a plus que des clartés mourantes,

Et le zéphyr, en rasant le verger,

De l’orient, avec un bruit léger,

Se vient poser sur ces tiges tremblantes.
François-René de Chateaubriand, Tableaux de la nature

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Francois-Rene de Chateaubriand Apprenti Poète

Par Francois-Rene de Chateaubriand

François-René, vicomte de Chateaubriand, né à Saint-Malo le 4 septembre 1768 et mort à Paris le 4 juillet 1848, est un écrivain et homme politique français. Il est considéré comme l'un des précurseurs du romantisme français et l'un des grands noms de la littérature française.

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