Chanson des Rues

Partir ainsi, ça c’est une aventure :
Ils étaient seuls sur le petit rocher :
Pas une mouche et la rêche nature
Etait tout’ seule avec eux accrochés.
Oui zaccrochés sur un picot de pierre.
Tout seuls au monde et je l’ai déjà dit
Tout seuls au monde et seuls avec des pierres,
Tout seuls au monde et je l’ai déjà dit.
Partir ainsi, c’est un fameux voyage.
Voilà ti pas que tout s’met à bouger,
Ca boug’ d’abord comme un petit nuage
Et puis ça boug’, comme un’ mer enragée.
Tout seuls au monde et je l’ai déjà dit.
L’homme et la fill’ sur la petite roche
Tourbillonnants comm’ du vent dans un’ cloche
Mont’ en plein ciel et sont au paradis.
C’est vert, c’est roug’, c’est bleu le paradis ;
Ca sent les ang’ mais on n’y voit personne.
On peut siffler, crier comm’ des maudits.
On peut gueuler, i’a rien qui résonne.
Qu’est-c’ qu’on va faire ?

On enfonc’ dans des v’iours.
I’ fait trop chaud.

Si on ôtait sa ch’mise ?
I’ a personn’.

Si on s’donnait des bises.
Si on s’couchait ?

Si on faisait l’amour ?
On fait l’amour et ça dure et ça dure.
Quand c’est fini, on recommence encore.
L’amour au ciel, ça c’est une aventure ;
Quand c’est fini, on recommence encore.
On fait l’amour ; les soleils peuv’crouler ;
C’est bien trop bon pour déjà qu’on s’arrête

Julot, j’voudrais mourir sans m’réveiller.

Mimi, jamais, j’ai tant perdu la tête.
Eux qui croyaient qu’i «étaient seuls au monde,

I’ rest’ cent ans à boir’ la belle amour.

Cent ans ça fait comme un long train qui gronde.

Pour eux ça pass’ comme un petit tambour.

Eux qui croyaient qu’i «étaient seuls au monde.

Les séraphins sont là pour les zyeuter.

Les séraphins autour d’eux font des rondes

Et n’ont pas d’fleurs assez pour leur jeter.

Tout nus, tout chauds sur des mat’las d’étoiles.

Tout jeun’, tout beaux, sans chemise et sans voiles.

Deux p’tits oiseaux bien au doux dans leur nid

Et pour toujours au milieu d’I’infini.
C’est depuis lors que les ang’sont si tristes

C’est depuis lors qu’au ciel, ça pleur’, les chants.

C’est depuis lors que tant d’malhcur existe.

C’est depuis lors que

Dieu est si méchant.

Norge
Chanson
Lieux

Voter pour ce poème!

Géo Norge [Georges Mogin] Apprenti Poète

Par Géo Norge [Georges Mogin]

Norge, pseudonyme de Georges Mogin, né le 2 juin 1898 à Molenbeek-Saint-Jean et mort le 25 octobre 1990 à Mougins, est un poète belge francophone. Une plaque commémorative est apposée sur sa maison natale, rue Jennart 14.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Votre plume est une baguette magique. Faites de notre forum un lieu enchanté, à la manière de Cocteau.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Nocturne

Contre les dominicains inquisiteurs