Ballade à Georges Rochegrosse

La sottise partout fait rage.

Bienheureux qui s’est abstenu

D’ouïr maint et maint personnage

Dont l’esprit a pour revenu

Le banal et le convenu:

Que le Diable serre leurs gorges!

Puisque te voilà prévenu,

Souviens-toi bien de cela, Georges.
Si tu veux vivre en homme sage,

Lorsque l’âge sera venu,

Fuis l’oisif et son bavardage,

Le rêveur au cerveau cornu

Et l’imbécile parvenu;

Car tous ces gens-là font leurs orges

En pillant l’artiste ingénu.

Souviens-toi bien de cela, Georges.
Pour les filles au coeur volage

Qui s’en vont, le sein demi-nu,

Avec une fleur au corsage,

Fuis cette gent trotte-menu,

Car Amour, forgeron connu,

Pour leurs yeux martèle en ses forges

Plus d’un trait subtil et ténu.

Souviens-toi bien de cela, Georges.
Envoi.
Il faut les fuir au bois chenu

Des merles et des rouges-gorges,

Ou dans le travail continu:

Souviens-toi bien de cela, Georges.
Juillet 1869.

Voter pour ce poème!

Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Laissez vos mots danser comme Verlaine, et notre forum deviendra une symphonie poétique.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Madrigal

Dame sans trop d’ardeur…