Claire

Vous aviez des cheveux légers de soie et d’or.
Nos yeux en même temps s’éveillaient sur les choses.
Comme le fin parfum dans les boutons de roses,
L’amour vague emplissait nos cœurs fermés encore.

Vous seriez à présent, Claire, une jeune femme,
Vous qu’enfant j’embrassais avec de doux frissons ;
Car on aime à cet âge, et tous nous connaissons
De ces espoirs d’amour pour une aurore d’âme.

Pourquoi nous avez-vous quittés un beau matin ?
Aviez-vous deviné les tourments de la vie ?
La route vous fit peur et seul je l’ai suivie,
Non pas sans envier parfois votre destin.

Vous êtes morte au mois qui fait dans les charmilles
Un gai frémissement de nids et de chansons,
Et qui met tant de fleurs parmi tous les buissons
Qu’il en est adoré par les petites filles.

A leur jeu de la Maye, au mois de Mai joyeux,
Vous étiez toujours Reine étant la plus jolie :
Tout en blanc sous les fleurs et comme ensevelie,
Vous trôniez immobile en souriant des yeux.

Vous êtes morte alors, quand reverdit la branche.
Je ne comprenais pas la mort ni le cercueil ;
Et puis c’était en blanc qu’on menait votre deuil ;
Vous-même vous aviez toujours la robe blanche.

Et comme vous étiez sur un lit parfumé,
Rose parmi les lis et pâle entre les roses,
Sans bouger, souriante avec des lèvres closes,
Je pensais : « Elle joue à la Reine de Mai. »

Rejoignez notre cercle de poètes, où chaque mot compte, comme dans les vers de Mallarmé.

Laisser un commentaire