Histoire du petit bossu

Le petit bossu me disait ma chère

Viens au bal ou viens dans les bois

Ne crois pas qu’on t’aime ma chère

De moi seul tu as la foi
Viens je te donnerai la moitié de ma bosse

Et quand nous serons en tout pareils

Nous célèbrerons nos étranges noces

Loin de la lune et du soleil
Le petit bossu me croyait bien bête

Le petit bossu n’a rien gagné

d’aller ainsi en tête à tête

avec moi qui suis tant aimée
Le petit bossu n’a rien perdu

Car sa bosse est toujours aussi grosse

Mais il a gagné sur son front nu

Une paire de cornes en cadeau de noces
Moi seule ai gagné dans l’histoire

Car je doutais de mon amant

Mais il a tant souffert que je dois croire

Ô joie ! qu’il m’aime éperdument
Il m’a retrouvée tout tremblant

M’a prise en ses bras osant à peine

Mettre sa bouche sur mon cou blanc

Et j’entendais son cœur crever de peine
Je crois que maintenant

Je vais l’aimer comme il m’aime en sa détresse

Et qu’étant toujours mon amant

Je serai enfin sa maîtresse
Amour toi qui conduis nos gestes

Je crois que tu m’inspiras bien

Puisque défiant guerre feu et pestes

Notre amour surgit hors de ses liens
Quand au bossu instrument de notre destin

Je lui pardonne et qu’il m’oublie et nous oublie

Je l’oublierai avant demain matin

Car jamais mon amant n’occupa mieux mes nuits.

Voter pour ce poème!

Robert Desnos Apprenti Poète

Par Robert Desnos

Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

La plume est votre épée, le commentaire est votre bouclier. Défendez la beauté de la poésie.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Aux saints

La Fille