Laisse-moi !

Non, laissemoi, je t’en supplie ;
En vain, si jeune et si jolie,
Tu voudrais ranimer mon coeur :
Ne voistu pas, à ma tristesse,
Que mon front pâle et sans jeunesse
Ne doit plus sourire au bonheur ?

Quand l’hiver aux froides haleines
Des fleurs qui brillent dans nos plaines
Glace le sein épanoui,
Qui peut rendre à la feuille morte
Ses parfums que la brise emporte
Et son éclat évanoui !

Oh ! si je t’avais rencontrée
Alors que mon âme enivrée
Palpitait de vie et d’amours,
Avec quel transport, quel délire
J’aurais accueilli ton sourire
Dont le charme eût nourri mes jours.

Mais à présent, Ô jeune fille !
Ton regard, c’est l’astre qui brille
Aux yeux troublés des matelots,
Dont la barque en proie au naufrage,
A l’instant où cesse l’orage
Se brise et s’enfuit sous les flots.

Non, laissemoi, je t’en supplie ;
En vain, si jeune et si jolie,
Tu voudrais ranimer mon coeur :
Sur ce front pâle et sans jeunesse
Ne voistu pas que la tristesse
A banni l’espoir du bonheur ?

Poésies diverses

Voter pour ce poème!

Gérard de Nerval Apprenti Poète

Par Gérard de Nerval

Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, est un écrivain et un poète français, né le 22 mai 1808 à Paris, ville où il est mort le 26 janvier 1855.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Rejoignez notre cercle de poètes, où chaque mot compte, comme dans les vers de Mallarmé.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Élégie cinquième

Je meurs, et les soucis qui sortent du martyre