Ah ! que je suis fâché ! maudit soit le réveil

Ah ! que je suis fâché ! maudit soit le réveil
Qui me prive du bien dont j’avais jouissance
Cette nuit en songeant. Las ! depuis ma naissance,
Je n’ai point eu de bien à celuilà pareil.

Il me semblait qu’Amour, ennemi de tout deuil,
Une moisson de fleurs versait en abondance,
Dessus nos corps unis d’une ferme alliance.
Ô songe délectable, ô gracieux sommeil !

Que d’amour, que d’appas, que de douces blandices,
Que de ris, que d’ébats, que de molles délices,
Que de naissantes morts, que de jeux amoureux !

Que de baisers confits en sucre, en ambroisie !
De ces plaisirs, dormant, j’avais l’âme saisie.
Futil jamais en songe un amant si heureux !

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Par Isaac Habert

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