Tu bois, c’est hideux presque autant que moi

Tu bois, c’est hideux ! presque autant que moi.
Je bois, c’est honteux, presque plus que toi,
Ce n’est plus ce qu’on appelle une vie…
Ah ! la femme, fol, fol est qui s’y fie !

Les hommes, bravo ! c’est fier et soumis,
On peut s’y fier, voilà des amis !
Nous buvons, mais, vous mesdames, l’ivresse
Vous va moins qu’à nous, — te change en tigresse.

Moi tout au plus en un simple cochon ;
Quelque idéal sot dans mon cabochon,
Quelque bêtise en sus, quelque sottise
En outre, — mais toi, la fainéantise,

La méchanceté, l’obstination,
Un peu le vice et beaucoup l’option,
Pour être plus folle, sur ma parole !
Que ma folie à moi déjà si folle.

Ces réflexions me coûtent beaucoup,
Mais ce soir je suis d’une humeur de loup.
Excuse, si mon discours va si rogue,
Mais ce soir je suis d’une humeur de dogue.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bah ! buvons pas trop (s’il nous est possible),
Ma bouche est un trou, la tienne est un crible.
Dieu saura bien reconnaître les siens.
Morale : surtout baisons-nous — et viens !

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Paul Verlaine Apprenti Poète

Par Paul Verlaine

Paul Verlaine est un écrivain et poète français du XIXᵉ siècle, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil, Poèmes saturniens en 1866, à 22 ans.

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