J’ai pour maitresse …

J’aï pour maistresse une etrange Gorgonne,
Qui va passant les anges en beauté,
C’est un vray Mars en dure cruauté,
En chasteté la fille de Latonne.

Quand je la voy, mile fois je m’estonne
La larme à l’oeil, ou que ma fermeté
Ne la flechit, ou que sa dureté
Ne me conduit d’où plus on ne retourne.

De la nature un coeur je n’ay receu,
Ainçois plus tost pour se nourir en feu
i En lieu de luy j’ay une Salamandre,

Car si j’avoi de chair un coeur humain,
Long tems y a qu’il fust reduit en cendre,
Veu le brasier dont toujours il ard plain.

Les meslanges

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