Ah ! portons dans les bois ma triste inquiétude

Ah ! portons dans les bois ma triste inquiétude.
Ô Camille ! l’amour aime la solitude.
Ce qui n’est point Camille est un ennui pour moi.
Là, seul, celui qui t’aime est encore avec toi.
Que disje ? Ah ! seul et loin d’une ingrate chérie,
Mon coeur sait se tromper. L’espoir, la rêverie,
La belle illusion la rendent à mes feux,
Mais sensible, mais tendre, et comme je la veux
De ses refus d’apprêt oubliant l’artifice,
Indulgente à l’amour, sans fierté, sans caprice,
De son sexe cruel n’ayant que les appas.
Je la feins quelquefois attachée à mes pas ;
Je l’égare et l’entraîne en des routes secrètes ;
Absente, je la tiens en des grottes muettes…
Mais présente, à ses pieds m’attendent les rigueurs,
Et, pour des songes vains, de réelles douleurs.
Camille est un besoin dont rien ne me soulage ;
Rien à mes yeux n’est beau que de sa seule image.
Près d’elle, tout, comme elle, est touchant, gracieux ;
Tout est aimable et doux, et moins doux que ses yeux ;
Sur l’herbe, sur la soie, au village, à la ville,
Partout, reine ou bergère, elle est toujours
Camille, Et moi toujours l’amant trop prompt à s’enflammer,
Qu’elle outrage, qui l’aime, et veut toujours l’aimer.

Elégies

Voter pour ce poème!

André Chénier Apprenti Poète

Par André Chénier

André Marie de Chénier, dit André Chénier, fils de Louis de Chénier et frère de Marie-Joseph Chénier, est un poète et journaliste français né le 30 octobre 1762 à Constantinople et mort guillotiné à Paris le 7 Thermidor de l'an II à 31 ans.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Votre commentaire est la bougie qui éclaire notre obscurité poétique. Illuminez-nous.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Tu me desplais, quoy que belle tu soys

La dame en pierre