Le couchant flamboyait à travers les bruines

Le couchant flamboyait à travers les bruines
Comme le fronton d’or d’un vieux temple en ruines.
L’arbre avait un frisson.
La mer au loin semblait, en ondes recourbée,
Une colonne torse en marbre vert, tombée
Sur l’énorme horizon.

La vague, roue errante, et l’écume, cavale,
S’enfuyaient ; je voyais luire par intervalle
Les cieux pleins de regards ;
Les flots allaient, venaient, couraient sans fin, sans nombre,
Et j’écoutais, penché sur le cirque de l’ombre,
Le bruit de tous ces chars.

Lugubre immensité ! profondeurs redoutées !
Tous sont là, les Satans comme les Prométhées,
Ténébreux océans !
Cieux, vous êtes l’abîme où tombent les génies,
Oh ! combien l’oeil au fond des brumes infinies
Aperçoit de géants !

Ô vie, énigme, sphinx, nuit, sois la bienvenue !
Car je me sens d’accord avec l’âme inconnue.
Je souffre, mais je crois.
J’habite l’absolu, patrie obscure et sombre,
Pas plus intimidé dans tous ces gouffres d’ombre
Que l’oiseau dans les bois.

Je songe, l’oeil fixé sur l’incompréhensible.
Le zénith est fermé. Les justes sont la cible
Du mensonge effronté ;
Le bien, qui semble aveugle, a le mal pour ministre.
Mais, rassuré, je vois sous la porte sinistre
La fente de clarté.

Toute la lyre

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Victor Hugo Apprenti Poète

Par Victor Hugo

Victor Hugo est un poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, né à Besançon le 26 février 1802 et mort le 22 mai 1885 à Paris. Il est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française.

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