Vieille maison…

À Odilon Redon
Neige endolorissante et morne, tu déroules

Ta nappe liliale au toit cher que je sais,

Neige endolorissante, ô neige qui t’écroules !
Et la maison vieillote aux carreaux verts cassés

A des airs de jeunesse et de pâle frileuse

Et ne se souvient plus des contes jacassés :
Des contes jacassés, au soir, par la fileuse,

En la cuisine antique où le pot noir chantait

Au rauque dévidoir sa chanson douce et creuse.
La chandelle en résine en un coin crépitait.

Près de la plaque en fer, les cris-cris aux cris grêles

S’enfuyaient dans la suie et le matou grondait.
Maintenant, dans le vieux salon, les herbes frêles,

Les avoines ornant les vases surannés,

Ne se souviennent plus des champs fauchés des grêles :
Et des plumes de paon, des bimbelots fanés,

Sont là qu’un bisaïeul rapporta de la Chine

D’où, jadis, bien des gens revinrent ruinés.
Comme alors un gros chat plie en arc son échine

Et cligne en grommelant de longs yeux mordorés

– Et miaule, et l’on voit une expression fine
En les blancs, solennels regards des hauts portraits.

Voter pour ce poème!

Francis Jammes Apprenti Poète

Par Francis Jammes

Francis Jammes, né à Tournay le 2 décembre 1868 et mort à Hasparren le 1ᵉʳ novembre 1938, est un poète, romancier, dramaturge et critique français. Il passa la majeure partie de son existence dans le Béarn et le Pays basque, principales sources de son inspiration.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Entrez dans notre jardin de poésie, où vos mots peuvent rivaliser avec ceux de Victor Hugo lui-même.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Hymne au germe

Deux ancolies se balançaient…