Dimanche : un pâle ennui d’âme, un désoeuvrement

Dimanche : un pâle ennui d’âme, un désoeuvrement
De doigts inoccupés tapotant sourdement
Les vitres, comme pour savoir leur peine occulte ;
Ah ! Ce gémissement du verre qu’on ausculte !

Dimanche : l’air à soimême dans la maison
D’un veuf qui ne veut pas aider sa guérison
Quand les bruits du dehors se ouatent de silence.
Dimanche : impression d’être en exil ce jour,

Long jour que le chagrin des cloches influence,
Et sans cesse ce long dimanche est de retour !
Ah ! Le triste bouquet des heures du dimanche ;
C’est un triste bouquet de fleurs qui lentement

Meurt dans un verre d’eau sur une nappe blanche…
M’en sauver, le pourraije ? Et l’éviter, comment ?
Ce jour de demideuil aux couleurs trop calmées
Où mon coeur otieux s’en va dans les fumées.

J’en ai l’obsession, j’en ai peur, j’en ai froid
Du spleen hebdomadaire où ce jour me ramène :
Tandis que je me leurre au long de la semaine,
Flux et reflux de jours qui s’accroît et décroît,

Dont l’écume est un peu de vanité qui chante,
Voici que le repos dominical me hante
Et déjà m’apparaît comme un repos amer,

Repos nu d’une grève au départ de la mer,
Grève morte du long dimanche infinissable
Qui coagule au loin ses silences de sable…

Le règne du silence

Voter pour ce poème!

Georges Rodenbach Apprenti Poète

Par Georges Rodenbach

Georges Rodenbach, né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris, est un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXᵉ siècle.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Écrivez comme un Verlaine, commentez comme un Hugo, et vous serez un pilier de notre communauté poétique.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Le navire

Trop tard