Départ

Jules Supervielle
par Jules Supervielle
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Un paquebot dans sa chaudière
Brûle les chaînes de la terre.

Mille émîgrants sur les trois ponts
N’ont qu’un petit accordéon.

On hisse l’ancre, dans ses bras
Une sirène se débat

Et plonge en mer si offensée
Qu’elle ne se voit pas blessée.

Grandit la voix de l’Océan
Ojii rend les désirs transparents.

Les mouettes font diligence
Pour qu’on avance, qu’on avance.

Le large monte à bord, pareil
A un aveugle aux yeux de seL

Dans l’espace avide, il s’élève
Lentement au mât de misaine.

Jules Supervielle

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