Quand le soir est tombé dans la chambre quiète

Quand le soir est tombé dans la chambre quiète
Mélancoliquement, seul le lustre émiette
Son bruit d’incontenté dans le silence clos.
Lustre toujours vibrant comme un arbre d’échos,

Lustre aux calices fins en verre de Venise
Où la douleur de la poussière s’éternise,
Mais en gémissements qu’à peine on remarqua,
Grêles comme un chagrin lointain d’harmonica.

C’est une panoplie aux cliquetis de verre
Où l’on entend le bruit blessé qui persévère ;
C’est un grand reliquaire à l’aspect végétal
Où d’invisibles pleurs, captifs dans le cristal,

Roulent en sons mouillés parmi les pendeloques.
Lustre, fontaine blanche aux givres équivoques ;
Lustre, jet d’eau gelé, mais où l’eau souffre encor…

Ce lustre, c’est mon coeur visible en ce décor
Qui frissonne en sourdine et sans cesse s’afflige,
Jet d’eau fleurdelisé dont la plainte se fige !

Le règne du silence

Ajouter aux favoris 0

Voter pour ce poème!

Georges Rodenbach Apprenti Poète

Par Georges Rodenbach

Georges Rodenbach, né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris, est un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXᵉ siècle.

Chaque commentaire est une page de l'histoire poétique de notre forum. Écrivez votre chapitre, tel un Camus des vers.

Laisser un commentaire

Avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Langue natale

Cependant le soleil fournissant sa journée