C’est moi

Si ta marche attristée
S’égare au fond d’un bois,
Dans la feuille agitée
Reconnais-tu ma voix ?
Et dans la fontaine argentée,
Crois-tu me voir quand tu te vois ?

Qu’une rose s’effeuille,
En roulant sur tes pas,
Si ta pitié la cueille,
Dis ! ne me plains-tu pas ?
Et de ton sein, qui la recueille,
Mon nom s’exhale-t-il tout bas ?

Qu’un léger bruit t’éveille,
T’annonce-t-il mes vœux ?
Et si la jeune abeille
Passe devant tes yeux,
N’entends-tu rien à ton oreille ?
N’entends-tu pas ce que je veux ?

La feuille frémissante,
L’eau qui parle en courant,
La rose languissante,
Qui te cherche en mourant ;
Prends-y garde, ô ma vie absente !
C’est moi qui t’appelle en pleurant.

Voter pour ce poème!

Marceline Desbordes-Valmore Apprenti Poète

Par Marceline Desbordes-Valmore

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) est une poète française reconnue pour la richesse et la variété de son lyrisme romantique. Surnommée « Notre-Dame-des-Pleurs » en raison des drames qui jalonnent sa vie, elle émeut par sa sincérité et son talent naturel. Elle épanche dans sa poésie toutes les peines qu'elle a connues durant sa vie. Ses poèmes traduisent ses cris de passion, ses élans vers l’au-delà, et la nostalgie du pays natal. Son talent poétique se voit reconnu par les symbolistes, notamment Rimbaud et Verlaine, qui applaudissent son absence de rhétorique.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Votre plume est la magie de notre communauté. Partagez vos enchantements.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Celle qui ne rit pas

Chant d’une jeune esclave