Chanson (I)

Toi qui près d’un beau visage
Ne veux que feindre l’amour,
Tu pourrais bien quelque jour
Éprouver à ton dommage
Que souvent la fiction
Se change en affection.

Tu dupes son innocence,
Mais enfin ta liberté
Se doit à cette beauté
Pour réparer ton offense ;
Car souvent la fiction
Se change en affection.

Bien que ton cœur désavoue
Ce que ta langue lui dit,
C’est en vain qu’il la dédit,
L’amour ainsi ne se joue ;
Et souvent la fiction
Se change en affection.

Sache enfin que cette flamme
Que tu veux feindre au dehors,
Par des inconnus ressorts
Entrera bien dans ton âme ;
Car souvent la fiction
Se change en affection.

Tyrcis auprès d’Hippolyte
Pensait bien garder son cœur ;
Mais ce bel objet vainqueur
Le fit rendre à son mérite,
Changeant en affection,
Malgré lui, sa fiction.

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