Au laurier

Si j’étais vraiment le bon ouvrier

Que du noir oubli sa volonté sauve,

Ce que je voudrais, c’est toi, noir Laurier,

Sur ma tête chauve.
Car feuillage sombre, effroi des méchants,

Lorsque je te vois, mon âme savoure,

Devant tes rameaux, la gloire des chants

Et de la bravoure.
Héros et rimeurs, sous les grands cieux clairs,

Nous sentons en nous le même délire

Et la chaste Épée aux brillants éclairs

Est soeur de la Lyre.
Pour revivre un jour sur les blancs frontons,

Quand le clairon d’or enfle son haleine,

C’est d’un coeur égal que nous combattons

Pour la sage Hélène.
Henri Quatre, ainsi que François Premier,

Brûlé d’une ardeur jamais endormie,

En quittant le casque au hardi cimier,

Célébrait sa mie.
Et dans le passé farouche et saignant

Quand mon souvenir enflammé recule,

Je revois Linos, chanteur, enseignant

Son élève Hercule.
Eschyle, superbe entre les grands coeurs,

Pour qui les exploits sont des intermèdes,

Avant de rhythmer l’ode pour ses choeurs,

Combattait les Mèdes.
Et le fauve Achille au casque mouvant,

Lorsque son armure était dégrafée,

Charmait la cithare, et fut un savant

Chanteur, comme Orphée.

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Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

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Delfica

À cinq heures