A M. Altaroche

Je suis un voleur, un filou,
Un scélérat, je le confesse,
Mais quand j’ai fait quelque bassesse,
Hélas, je n’avais pas le sou !
La faim rend un homme excusable,
Un pauvre de grand appétit
Peut bien être tenté du diable,
Mais pour me voler mon esprit,
Êtesvous donc si misérable ?

Or contre un semblable méfait,
Notre code est muet, je pense.
Au parquet, j’en suis sûr d’avance,
Ma plainte aurait bien peu d’effet.
Pour dérober une filoche
On s’en va tout droit en prison,
Aussi le prudent Altaroche
Ne m’a volé qu’une chanson,
Sans mettre la main dans ma poche.

Un voleur adroit et subtil
Pour éviter toute surprise
Sait déguiser la marchandise,
Et la vendre ainsi sans péril.
Altaroche aussi raisonnable
Et craignant quelque camouflet
A pris le parti détestable
D’estropier chaque couplet
Pour le rendre méconnaissable.

Je ne puis assez m’étonner
De ce bel effort de courage :
D’un autre copier l’ouvrage
Pour se mieux faire emprisonner !
Ce dévoûment est impayable,
Et c’est avoir un trop bon coeur
De remplacer le vrai coupable,
Et sans avoir été l’auteur,
D’être l’éditeur responsable.

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Par Pierre François Lacenaire

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