Le sonneur

Cependant que la cloche éveille sa voix claire
À l’air pur et limpide et profond du matin
Et passe sur l’enfant qui jette pour lui plaire
Un Angelus parmi la lavande et le thym,

Le sonneur effleuré par l’oiseau qu’il éclaire,
Chevauchant tristement en geignant du latin
Sur la pierre qui tend la corde séculaire,
N’entend descendre à lui qu’un tintement lointain.

Je suis cet homme. Hélas ! de la nuit désireuse,
J’ai beau tirer le câble à sonner l’Idéal,
De froids péchés s’ébat un plumage féal,

Et la voix ne me vient que par bribes et creuse !
Mais, un jour, fatigué d’avoir enfin tiré,
Ô Satan, j’ôterai la pierre et me pendrai.

Voter pour ce poème!

Stéphane Mallarmé Apprenti Poète

Par Stéphane Mallarmé

Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé, né à Paris le 18 mars 1842 et mort à Valvins le 9 septembre 1898, est un poète français, également enseignant, traducteur et critique d'art.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Chaque commentaire est une page de l'histoire poétique de notre forum. Écrivez votre chapitre, tel un Camus des vers.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Salut

Tes yeux