Loys

Elle cueille des marguerites et les effeuille pour s’assurer de l’amour de Loys.

Théophile Gautier, Giselle, acte I, scène IV.

Mon Loys, j’ai sous vos prunelles,

Oublié, dans mon cœur troublé,

Mon époux qui s’en est allé

Pour combattre les infidèles.

Quand nous le croirons loin encor,

Il sera là, Dieu nous pardonne !

Mon beau page, quel bruit résonne ?

Est-ce lui qui sonne du cor ?
J’ai lu dans un ancien poème

Qu’une autre Yolande autrefois

Près de son page Hector de Foix

Oublia son époux de même.

Elle gardait comme un trésor

Ces extases que l’amour donne. ?

Mon beau page, quel bruit résonne ?

Est-ce lui qui sonne du cor ?
Cette Yolande était duchesse,

Mille vassaux étaient son bien,

Et son bel ami n’avait rien

Que ses cheveux blonds pour richesse.

Pour cet enfant aux cheveux d’or

La dame eût vendu sa couronne. ?

Mon beau page, quel bruit résonne ?

Est-ce lui qui sonne du cor ?
Ces amants qu’un doux rêve assemble,

Ont souvent passé plus d’un jour

À se dire des chants d’amour,

Ou bien à regarder ensemble

Les oiseaux prendre leur essor

Vers l’azur qui tremble et frissonne. ?

Mon beau page, quel bruit résonne ?

Est-ce lui qui sonne du cor ?
Ou bien ils passaient leurs journées

À revoir d’auréoles ceints

Les bonnes Vierges et les Saints

Dans les Bibles enluminées.

L’Amour dit son confiteor

Sans écouter l’heure qui sonne. ?

Mon beau page, quel bruit résonne ?

Est-ce lui qui sonne du cor ?
Comme leurs lèvres en délire

Un soir longuement s’assemblaient,

En des baisers qui ressemblaient

Aux frémissements d’une lyre,

On entendit au corridor

Les pas de l’époux en personne. ?

Mon beau page, quel bruit résonne ?

Est-ce lui qui sonne du cor ?
Sais-tu quel sort on nous destine ?

Le malheureux page exilé,

Plein d’un regret inconsolé,

Alla mourir en Palestine.

Toujours pleurant son cher Hector,

La dame au couvent mourut nonne. ?

Mon beau page, quel bruit résonne ?

Est-ce lui qui sonne du cor ?

Février 1841.

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Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

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