Hermione et les bergers

Palès fait gazouiller la flûte sous ses doigts,
Mélène sous sa lèvre anime le hautbois,
Et chacun à son tour que la lutte stimule
Module un chant qui monte au fond du crépuscule ;
Hermione aux longs yeux de longs cils ombragés,
Un doigt contre sa joue, écoute les bergers.
Hermione est au seuil de la quinzième année ;
Son âme douce est comme une fleur inclinée.
La Pitié l’a baisée au cœur dans son berceau,
Et toujours dans ses bras elle porte un agneau.
La nuit tombe… À cette heure, abandonnant la lutte,
Le hautbois lentement se marie à la flûte.
Dans le soir qui s’étoile un chant s’élève alors
Si poignant et si tendre en ses simples accords
Qu’il semble soupirer la tristesse éternelle
De tout ce que la terre a de plus doux en elle !
Et la vierge aux longs cils sous l’extase étouffant
Sent comme un poids trop lourd briser son cœur d’enfant.
Un mystère autour d’elle a transformé les choses,
Doux comme un flot de lune en été sur des roses.
Immobile, le sein gonflé d’un long soupir,
Jusqu’au fond de son être elle se sent mourir,
Et laisse sur sa joue, et sans qu’elle s’en doute,
Son âme en larmes d’or descendre goutte à goutte.

Voter pour ce poème!

Albert Samain Apprenti Poète

Par Albert Samain

Albert Samain, né le 3 avril 1858 à Lille et mort le 18 août 1900 à Magny-les-Hameaux, est un poète symboliste français.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Chaque commentaire est une énigme à résoudre, comme un poème de Rimbaud. Participez à notre quête littéraire.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Elégie

Le Même Numéro