Europe

Arbre mutilé, maintenant sois libre !
Ils avaient empoigné tes branches

Pour les cingler et les briser ensemble

Par le calcul et la rigueur de leurs pesées ;
Ils les maintenaient en branle éperdu,

Ils les tourmentaient de durs élans captifs,

Ils se disputaient tes fruits et tes feuilles

Et jusqu’à tes nids !
Ils ont fait de toi pendant vingt saisons

Un arbre d’hiver et de quel hiver!

Le sol est jonché de tes frondaisons.

Ton écorce pend en lanières blêmes

Poisseuses partout de la même sève !
Mais maintenant, veuille revivre et libre !

Mais maintenant oh ! veuille te garder!
Ton faîte est brisé mais le tronc est fort,

Mais l’espoir est fort, mais la terre est riche.

Et vois tes bourreaux : leur oeuvre n’a pu

Que précipiter leur décrépitude !
Arbre écartelé par leurs convoitises.

Tes bras déchirés, tes bras ennemis

Fais-les se nouer, se croiser, s’étreindre,

Se quitter, se tordre et se prendre encore

De telle façon que tu ne sois plus

Un déploiement de forces divergentes.

Mais un seul destin, un amour, un arbre !

Voter pour ce poème!

Charles Vildrac Apprenti Poète

Par Charles Vildrac

Charles Vildrac, né Charles Messager le 22 novembre 1882 dans le 5e arrondissement de Paris et mort le 25 juin 1971 à Saint-Tropez, est un poète, dramaturge et pédagogue libertaire français[1]. Il fonda avec Georges Duhamel le groupe de l'Abbaye, une expérience communautaire en bord de Marne ouverte aux artistes (1906-1908).

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

La poésie est une aventure. Embarquez avec nous en laissant votre trace.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Dans quelque ville morte, au bord de l’eau

Perte du chant