La fiancée du marin

Tristesse amère
Ne peut crier :
Pourtant, ma mère,
Je veux prier.

Là-haut peut-être
On m’entendra ;
Qui m’a fait naître
Me soutiendra.

James qui m’aime
Va me quitter ;
Cette nuit même
Doit l’emporter.

Le temps est sombre,
Et sur les flots
Voyez-vous l’ombre
Des matelots ?

Dans leur nacelle
Il s’engagea ;
C’est encor celle
Qui naufragea !

On tend la voile ;
Ô désespoir !
Pas une étoile
Pour l’entrevoir.

A la chapelle,
Avant le jour,
Un vœu m’appelle,
Un vœu d’amour.

Il doit m’attendre ;
J’y porte encor
Un baiser tendre,
Un anneau d’or.

Don de mon père,
C’est le dernier :
Qu’il soit prospère
Au marinier !

C’est le symbole
De mon lien ;
Pour mon idole
Je n’ai plus rien.

Le silence est l'ennemi de la poésie. Libérez votre voix, comme Baudelaire dans un jardin des mots.

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