Que t’importe, mon coeur

Que t’importe, mon coeur, ces naissances des rois,
Ces victoires, qui font éclater à la fois
Cloches et canons en volées,
Et louer le Seigneur en pompeux appareil,
Et la nuit, dans le ciel des villes en éveil,
Monter des gerbes étoilées ?

Porte ailleurs ton regard sur Dieu seul arrêté !
Rien icibas qui n’ait en soi sa vanité.
La gloire fuit à tired’aile ;
Couronnes, mitres d’or, brillent, mais durent peu.
Elles ne valent pas le brin d’herbe que Dieu
Fait pour le nid de l’hirondelle !

Hélas ! plus de grandeur contient plus de néant !
La bombe atteint plutôt l’obélisque géant
Que la tourelle des colombes.
C’est toujours par la mort que Dieu s’unit aux rois.
Leur couronne dorée a pour faite sa croix,
Son temple est pavé de leurs tombes.

Quoi ! hauteur de nos tours, splendeur de nos palais,
Napoléon, César, Mahomet, Périclès,
Rien qui ne tombe et ne s’efface !
Mystérieux abîme où l’esprit se confond !
A quelques pieds sous terre un silence profond,
Et tant de bruit à la surface !

Les feuilles d’automne

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Victor Hugo Apprenti Poète

Par Victor Hugo

Victor Hugo est un poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, né à Besançon le 26 février 1802 et mort le 22 mai 1885 à Paris. Il est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française.

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L’abeille

Regard mouillé