Le clavecin

Les pieds branlants et lourds et le ventre fluet,
Moins utile qu’aimé, vieilli comme sa gloire,
Mais d’un attrait pareil à celui d’une histoire,
Le clavecin repose, immobile et muet.

L’œil avait des lueurs et le cœur remuait
A l’entendre. Égayant la grande glace noire,
Il montre avec orgueil quatre octaves d’ivoire
Qu’usa de son pas grave et lent le menuet.

Là dort ensevelie une musique exquise,
Ces vieux airs qu’on dansait en robe de marquise,
Aigrelets et vibrants comme un son de ducat ;

Et le soir, doucement si l’on ouvrait les portes,
Peut-être on entendrait un scherzo délicat
Sous les doigts effilés des châtelaines mortes.

Albert Mérat Apprenti Poète

Par Albert Mérat

Albert Mérat, né le 23 mars 1840 à Troyes et mort le 16 janvier 1909 en son domicile dans le 14 arrondissement de Paris, est un poète français.

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