Mémère

Mémère, tu t’en souviens, de notre belle époque,

C’était la première fois qu’on aimait pour de bon.

A présent, faut bien l’dire, on a l’air de vieux schnocks,

Mais c’qui fait passer tout, c’est qu’on a la façon.

Tu t’rappell’s ta guêpière, à présent quand j’y pense

J’en rigol’ tout douc’ment mais c’est plus fort que moi,

Comment qu’tu f’rais maint’nant pour y loger ta panse ?

On a pris d’la bouteille tous les deux à la fois.

Mémère, tu t’en souviens comm’ t’as fait des histoires

Pour me laisser cueillir la marguerite aux champs,

Et pourtant c’était pas vraiment la mer à boire,

Ça t’a fait des ennuis mais c’était pas méchant…

Tu t’rappell’s comm’ j’étais, je n’savais pas quoi dire ;

Y a des coups, pour un peu, j’t’aurais bien dit des vers.

T’as bien changé, mémère. Quand je vois ta tir’lire,

Comment qu’ça m’donne envie d’fair’ la route à l’envers !
Mémère, tu t’en souviens des p’tits diabolos menthe,

Des bouteill’s de mousseux du quatorze juillet !

Un éclair au café, j’veux bien mais faut qu’tu chantes !

Chérie, t’as renversé ton verre, faut l’essuyer.

Mon Dieu, c’est pourtant vrai que je t’app’lais chérie

Il n’faut pas m’en vouloir, mais je n’m’en souv’nais plus.

On parle des souv’nirs, mais c’est fou c’qu’on oublie.

J’te d’mande pardon, chérie, et qu’on n’en parle plus.
Mémère, si j’te dis ça, c’est pour te dir’ que j’t’aime,

Te l’dire comm’ ça, tout cru, c’était trop dur pour moi,

Mais au fond, j’suis content, j’vois qu’t’as compris quand même,

Et j’peux te l’dire, mémère, j’ai jamais aimé qu’toi.

Voter pour ce poème!

Bernard Dimey Apprenti Poète

Par Bernard Dimey

Bernard Dimey, né Bernard Georges Lucide Dimey le 16 juillet 1931 à Nogent-en-Bassigny et mort le 1ᵉʳ juillet 1981 dans le 18ᵉ arrondissement de Paris, est un poète, auteur de chansons et dialoguiste français.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

La poésie est le miroir de l'âme. Reflétez la vôtre dans nos commentaires, à la manière de Baudelaire.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Je suis perdu dans les abîmes de l’être

Sujet de la comédie des fleurs