L’indifférente

Ah ! qu’elle est belle !… qu’elle est belle !…
Oh ! qu’il doit avoir de bonheur
Celui qui respire près d’elle,
Celui qui fait battre son cœur !

Et l’on m’a dit : « Non !… cette femme
Que tant d’amour semble entourer,
Froide et rêveuse, n’a point d’âme
Qu’un jeune époux puisse enivrer ! »

Jamais sa paupière brûlante
Dans ses yeux n’a caché de feu ;
Jamais à sa lèvre tremblante
Nul n’a surpris un tendre aveu.

Comme la brise qui soupire
Après une longue chaleur,
Arrache un murmure à la lyre,
Arrache une feuille à la fleur :

Mille amants cherchent à lui plaire,
Mais elle n’en préfère aucun.
Sur une tige solitaire
C’est une rose sans parfum…

Blasphème !… au fond de sa pensée
Si jamais œil mortel n’a lu ;
A la main qui l’avait pressée
Si sa main n’a point répondu,

C’est qu’à cette âme encore muette,
Pour qu’elle rende un premier son,
Il faut une âme de poète,
Comme du soleil à Memnon !…

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